“Crulic…”, première découverte du 9e Carrefour de l’animation

Source: Télérama
Publish Date: 1 décembre 2011
Author: Sophie Bourdais

L’édition 2011 du Carrefour de l’animation s’ouvre ce jeudi à Paris, au Forum des images. Au programme : films, effets spéciaux, jeux vidéo… Et une découverte : “Crulic, le chemin vers l’au-delà”, documentaire animé de la Roumaine Anca Damian.

Amateurs franciliens d’images animées, précipitez-vous au Forum des images, qui lance ce jeudi 1er décembre, et jusqu’à dimanche, la 9e édition de son Carrefour de l’animation, ouvert au grand public comme aux professionnels et aux étudiants. On y profitera, entre autres projections, rencontres et événements, d’un gros plan sur l’animation polonaise (en présence du réalisateur Marek Skrobecki), d’un hommage à la révolution tunisienne (en présence du réalisateur Zouhaier Mahjoub), de plusieurs sélections du meilleur de l’animation française actuelle, et de la réalisation publique d’un cadavre exquis animé. Il y sera également question de jeu vidéo.

Parmi les longs-métrages animés proposés en avant-première, ne manquez pas le passionnant Crulic, le chemin vers l’au-delà, (extrait vidéo ci-dessus) déjà remarqué à Locarno et dans plusieurs autres festivals, projeté ce jeudi à 20h30 en présence de sa réalisatrice, la documentariste roumaine Anca Damian. Crulic sortira dans les salles françaises au printemps 2012 ; c’est le troisième « vrai » longmétrage documentaire animé que l’on ait pu visionner, après Valse avec Bachir, d’Ari Folman, et Les Petites Voix, de Jairo Carrillo et Oscar Andrade.

En utilisant toutes sortes de techniques et de styles graphiques, Anca Damian retrace l’histoire vraie de Claudiu Crulic, injustement enfermé dans une prison polonaise, où il mourut à 33 ans, en 2008, des conséquences d’une grève de la faim. C’est Claudiu Crulic lui-même qui prend la parole pour raconter, depuis l’au-delà et avec pas mal d’ ironie, comment sa vie banale d’immigrant roumain s’est transformée en destin, suite à un double déni d’humanité et de justice.

Lors du Festival du film de Londres, en octobre 2011, Anca Damian citait parmi ses références Persepolis, de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, et Valse avec Bachir. Elle évoquait aussi, hors cinéma d’animation, Hunger, de Steve McQueen, qui retrace l’emprisonnement et la mort par grève de la faim du militant républicain irlandais Bobby Sands.

Et c’est vrai qu’on pense souvent à Hunger devant Crulic, et toujours à l’avantage du film animé. Car l’animation introduit une forme d’épure qui permet de restituer au plus juste, sans la brutalité parfois insupportable de l’image « réelle », mais aussi sans rien édulcorer, toute la souffrance morale et physique du personnage principal. La transformation du corps de Crulic, dont la silhouette dessinée se résume peu à peu à des contours de plus en plus vagues, suscite de l’émotion, de l’empathie et de la révolte, sans que l’on ait jamais l’impression de devenir voyeur. Et témoigne une nouvelle fois de ce que l’usage de la grammaire de l’animation, dans le cinéma documentaire, n’a rien d’une idée gadget.