„(_Anca Damian_) impressionne d’autant plus que ses réalisations sont des réussites.”

Source: revue24images.com
Publish Date: June 14, 2019
Author: Nicolas Thys

“Cette fois elle quitte les prisonniers roumains et les anarchistes pour aller vers un univers plus familial avec le récit d’une petite chienne qui doit régulièrement quitter ses maîtres alors qu’elle ne demande qu’à être aimé. Un tel pitch pourrait facilement rebuter tant on aura peur du mélo dramatique qui vire au ridicule, mais il n’en est rien. Son film est simplement bouleversant. Elle a confié le design des personnages à Brecht Evens, l’un des plus importants auteurs de bandes-dessinées actuels, doté d’une patte graphique incomparable, et tout en allant dans la simplicité pour le chien, il donne vie à une incroyable galerie de portraits, tous plus surprenants les uns que les autres. L’animal noir et blanc au museau en forme de cœur, virevoltera dans les bras colorés d’un acrobate à l’animation époustouflante, son premier amour, celui qu’elle n’oubliera pas – et nous non plus. Il se joue de la gravité, se métamorphose, s’étire, se contracte et semble faire plier le monde à ses mouvements. Elle rejoindra ensuite d’un ouvrier aussi fort que tendre mais mal entouré, que ce soit par une mère en proie à des crises de violence ou une femme qui traite les animaux comme des jouets. Ils vivront dans un univers plus enfermé, moins défini mais plus stellaire, qu’on croirait brisé avant même d’être construit. Enfin, elle rencontrera une petite fille qui, malheureusement, grandira avec son étrange famille : une mère quasi invisible, un grand père quasi statufié et une boule de poils roux hargneuse, chat quasi abstrait et effrayant autant qu’amusant.

L’histoire pourrait sembler d’une simplicité confinant à la banalité mais le film fourmille d’inventions visuelles et sonores, avec mille et une idées par plan. Le scénario est donc idéal car, plus complexe, il aurait perdu en efficacité et n’aurait pas laissé le plaisir de la contemplation. La cinéaste, en entremêlant les techniques, laisse à l’animation et aux graphismes la possibilité de créer des univers d’une grande singularité. Signalons aussi la magnifique partition de Pablo Pico, autre réussite du film.”

Read full article on: revue24images.com