„L’éphémère en toile de fond et du solide en relief: voilà la structure de cette biographie de chien.”

Source: filmexplorer.ch
Publish Date: September 10, 2019
Author: Giuseppe Di Salvatore

„Marona est le dernier nom d’une petite chienne sans nom ou, mieux, aux plusieurs noms. Autant de noms que de maîtres : et ces derniers se succèdent au rythme inexorable de la fascination pour, et de l’abandon de, la petite chienne. L’histoire de Marona, dans l’ensemble, est l’histoire de l’inconstance affective des humains par rapport aux chiens; l’histoire d’un monde fait de distractions, celui des humains, face à des êtres réduits au rang d’objet, destiné à devenir déchet. Mais en deçà de cet horizon de pessimisme anthropologique, Marona’s Fantastic Tale raconte également la solidarité, l’amour, la fidélité, à travers des petites histoires d’une grande intensité. L’éphémère en toile de fond et du solide en relief: voilà la structure de cette biographie de chien. Celle-ci prend une force existentielle, dès le début du film, en épousant un point de vue animal qui est maintenu efficacement à distance de celui des hommes.

En effet, ce film d’animation d’Anca Damian mélange systématiquement deux perspectives, la canine et l’humaine. D’un côté, il faut dire que la perspective de la petite chienne n’est pas simplement l’occasion de parler des êtres (humains aussi) fragiles et dépendants, mais elle est bel et bien prise à la lettre : Damian fait preuve d’une grande empathie et nous livre toute une série d’observations aiguës sur le point de vue des animaux. Cela contribue à créer une véritable distance avec le cosmos des hommes, dont on sentira, justement, le vertige existentiel. De l’autre côté, la perspective humaine ne passe pas seulement par la description des différents types de maîtres et de leurs mondes — dans laquelle Damian se plaît à introduire des éléments de critique sociale ; elle est présente dans la figure de Marona elle-même, au moins par deux aspects. La voix de Marona est celle d’une jeune femme (Lizzie Brocheré, née en 1985), ce qui fait glisser l’autobiographie de la chienne vers une probable autobiographie de l’autrice ; et l’enchaînement des « histoires d’amour » de Marona ressemble fortement à la confession intime de la vie sentimentale d’une femme — ce qui pousserait à une lecture allégorique du film. À ce propos, le regard éthologique sur les hommes permet de mélanger cynisme et sincères élans sentimentaux pour décrire les relations femmes-hommes, puis les relations familiales.”

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