« L’Extraordinaire Voyage de Marona », la jeune chienne et la mort

Source: next.liberation.fr
Publish Date: January 07, 2020
Author: Marius Chapuis

[…] Le film d’Anca Damian s’écrit autour de deux régimes de voix. Celle, intérieure, du chien qui commente et corrige la parole extérieure de maîtres aussi bavards que sourds. Un dialogue à sens unique, forcément, puisqu’on n’est pas chez Disney et qu’il n’y a aucune raison pour qu’un dialogue s’installe. Ce qui n’interdit pas l’échange, puisque Marona réfléchit la lumière qui anime ses maîtres successifs. «J’ai toujours besoin de partir du réel, pour y trouver une émotion, nous raconte la cinéaste roumaine dans un français parfait. Marona, c’est une chienne abandonnée que j’ai rencontrée dans les rues de Bucarest. En tentant de lui trouver une famille d’accueil, j’ai découvert qu’elle transformait les familles et devenait une sorte de miroir qui reflétait leur empathie, les valeurs. Les dessins animés reflètent toujours des systèmes de valeurs. Beaucoup de cartoons sont à l’image d’une société qui taille ses enfants à la compétition, à la brutalité. Moi, je voulais que ce petit chien renvoie l’idée qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise personne, qu’on est juste complexes.» Des formes simples et indécises de la naissance à l’ivresse de l’absorption encyclopédique des formes du vivant en grandissant, Marona partage avec le génial Lint de Chris Ware cette envie de saisir une vie et l’éclosion d’un regard du premier jour au dernier. […]

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