Source: Focus on animation
Publish Date: June 1st, 2023
Quatre années après L’extraordinaire voyage de Marona, la réalisatrice roumaine Anca Damian propose enfin son septième long-métrage aux accents surréalistes en salles françaises. Cela fait désormais un an que le film a été présenté au festival d’animation d’Annecy, il était donc temps qu’il arrive sur nos écrans. Œuvre la plus exigeante de sa filmographie jusque-là, L’île est une relecture extrêmement libre du mythe de Robinson Crusoé (inspiré de la véritable histoire du pirate Selkirk) qui impose surtout une vision poétique et satirique de notre monde en mêlant le parcours d’un migrant à celui d’un docteur s’étant volontairement retiré du monde.
S’il y a bien Robinson et Vendredi, l’autochtone « civilisé », L’île n’utilise l’histoire rendue célèbre par Defoe qu’en lancement narratif tant il s’éloigne vite des réflexions sur la nature et la civilisation habituelles. L’univers pléthorique et foisonnant qui nous est offert à l’écran surprend constamment avec des bifurcations narratives et musicales pertinentes. Alors que l’on rencontre une sirène à la queue en « seaux », à l’image d’autres personnages qui font corps avec les déchets plastiques déversés dans les océans, les deux protagonistes se révèlent humanistes. Tous deux pétris de sagesse, ils n’en demeurent pas moins opposés dans leurs manières d’agir face aux injustices : tandis que Robinson demeure passif et contemplateur, Vendredi préfère agir en devenant le roi du « peuple qui flotte », la périphrase décrivant les migrants en quête d’une terre où survivre. Cette tragédie que notre monde contemporain traverse est appuyée par la dimension musicale et extra-diégétique du film : c’est un choeur de voix féminines qui commente le parcours des personnages, tels ces choeurs de tragédies antiques.
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